Laetitia au fil des mots

Laetitia au fil des mots

A Strasbourg, ne touchez pas au dimanche !

Strasbourg veut se prévaloir d'être la capitale européenne, ce qui laisserait penser qu'elle est une ville ouverte d'esprit et tournée vers le progrès.
Ne vous méprenez pas ! dans la réalité il n'en est rien, en tout cas pas concernant l'ouverture des magasins le dimanche. On pourrait d'ailleurs reprendre le titre de la chanson créée par Peschard datant de 1871 : " Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine".

Sept épiceries et supermarchés strasbourgeois ont fait les frais de l'arrêté municipal du 13 novembre 1936 qui pose le principe d'interdiction d'ouverture des épiceries le dimanche et les jours fériés.
Arrêté municipal qui s'étend au-delà des portes de la ville puisque "des dispositions équivalentes à celles de l'arrêté municipal du 13 novembre 1936 existent dans les statuts départementaux" pris à la fin des années 30 dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle.

Poursuivis par quatre inspecteurs du travail du Bas-Rhin, Petit Casino, Pro-Inter, Espace Casher, Muteville Supermarket, Chahiat, Carrefour Express et Carrefour City se sont vu condamnés par le juge des référés civils du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg à garder leur rideau baissé les dimanches et jours fériés.
Afin d'éviter toute récidive, le juge a accompagné sa condamnation d'une astreinte de 10 000 euros par effraction constatée pour les entreprises qui employaient des salariés, et de 5 000 euros pour celles tenues par leur seul dirigeant.

Alain Haster, l'un des quatre inspecteurs du travail, se félicite de la décision du tribunal car, selon lui, "le repos dominical des salariés pourra être enfin respecté".
Quid des entreprises qui n'employaient pas de salariés condamnées elles aussi ? argument de choc applaudi par Evelyne Isinger, secrétaire générale de la CFDT du Bas-Rhin, qui souligne qu'il s'agit là "d'une décision historique et courageuse qui remet les pendules du repos dominical à l'heure".
Souhaitons-lui de ne jamais manquer de beurre ou de papier toilette un dimanche...




Notons également que ce jugement a été très bien accueilli par les syndicats CFDT, CFTC et CGT qui intervenaient de manière "volontaire" dans le procès.
Volontariat déguisé et gagnant puisque les sept entreprises condamnées devront verser les indemnités de procédure à ces trois syndicats.
Alain Haster et ses trois mousquetaires affirment déjà  qu'ils feront des contrôles sans attendre pour faire exécuter la décision du tribunal. L'ordonnance du juge des référés civils est en effet immédiatement exécutoire.

En attendant que la Ville de Strasbourg, qui pourrait revoir l'arrêté en question, organise une réunion technique montée avec la CCI et visant a réunir les organisations professionnelles, les commerçants et les représentants des salariés afin de trouver une solution permettant d'encourager le commerce de proximité en garantissant le droit des salariés, je ne saurai que trop conseiller aux touristes qui ont l'habitude de voir leurs commerces ouverts dans leur région de prendre leurs dispositions pour les achats de dernière minute ou les oublis, ou encore pour les Alsaciens qui avaient l'avantage de pouvoir trouver le sucre manquant pour la tarte du jour du Seigneur, ou d'acheter de quoi faire un bon barbecue par les dimanches et jours fériés ensoleillés.

Une question me taraude, quand va-t-on s'enquérir de l'avis des Alsaciens, salariés ou clients, sur ce sujet ?

Strasbourg, ou la ville aux stores clos les jours d'affluence touristique, ville désormais sous la surveillance des quatre mousquetaires de l'inspection du travail et des syndicats très volontaires...

Décidément, personne n'aura l'Alsace et la Lorraine !

Laetitia P.
17.05.2013

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17/05/2013
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